Parmi les chercheurs qui utilisent les données fournies par l’Observatoire hydro-géochimique de l'environnement (OHGE), Emilie Beaulieu est un peu la généraliste du site. Pluie, composition du sol, minéralogie… la chercheuse du Laboratoire d'hydrologie et de géochimie de Strasbourg prend en compte tous les paramètres du site du Strengbach bénéficiant ainsi d’une vue globale qui permettra à terme de prédire son évolution.
Données hydrologiques, chimiques ou encore biologiques, Emilie Beaulieu utilise les informations fournies par les différents équipements mis en place par les chercheurs sur le site de l’OHGE, le bassin versant expérimental du Strengbach. Objectif : coupler plusieurs modèles numériques pour reproduire le comportement des écosystèmes dans leur ensemble.
L’impact des pluies acides
Pour établir ses modèles, la chercheuse s’intéresse essentiellement à la reproduction des relevés du site de ces 30 dernières années. « Depuis plusieurs décennies, nous observons une baisse du calcium et du magnésium dans le sol ce qui a un impact sur leur fertilité et entraine un dépérissement du couvert végétal. »
En cause, les pluies acides tombées sur le Strengbach à l’époque industrielle avec une forte concentration en souffre et en azote dues à la combustion des énergies fossiles (secteur industriel ou domestique, transport …) Une pollution qui a fortement baissé depuis les années 80 entrainant une diminution de l’acidité dans le sol. « Dans le futur, il sera peut-être possible d’atteindre un nouvel état d’équilibre. »
Des changements à partir de 2080
Grâce à ses modèles, Emilie Beaulieu pourra à terme réaliser des prédictions et ainsi déterminer par exemple les effets du changement climatique sur le bassin : « Si la température augmente : quelle réponse sera donnée par le couvert végétal, comment réagiront les sols, le cycle de l’eau ? » Première étape en 2016, avec un article concernant la simulation de l’évolution du débit d’eau à l’exutoire, point de sortie des eaux qui ont traversé le bassin, jusqu’en 2100. « Nous avons vu que le changement climatique avait un impact inférieur à 10% de variation du débit. »
Le couvert végétal est également analysé. De 2000 à 2080, les simulations montrent qu’il ne semble pas vraiment perturbé. Les changements apparaissent à partir de 2080 avec une modification du type de végétation. « Nous irons vers moins d’aiguilles et plus de feuilles et d’herbe », détaille la chercheuse qui pour la première fois, en 2019, est parvenue à simuler la composition chimique des solutions du sol. Les résultats sont en cours de publication.
Marion Riegert