Suivi des colonies et des groupes sociaux, du régime alimentaire, mise en place de jeux… Helen Beyer est responsable du bien-être animal à Silabe. Un poste aux multiples facettes qu’elle occupe depuis 2015.
« Même si depuis 2013, la loi impose un responsable du bien-être animal, tous les centres n’ont pas un poste dédié à temps plein à cette fonction », souligne d’emblée Helen Beyer, ingénieure en éthologie appliquée qui s’est focalisée durant ses études sur le bien-être des animaux en laboratoire. Après s’être occupée de souris, la jeune femme obtient ce poste à Silabe. Le poste rêvé pour elle, « il y a peu de lieux comme celui-là dans le monde et les débouchés en éthologie sont rares », confie Helen Beyer qui a dû se former sur le terrain pour bien connaître les différentes espèces.
Ses journées sont assez variables et se partagent entre observations et travail de bureau. « Quand il y a un nouveau groupe, je peux passer la journée à observer les animaux pour détecter d’éventuels problèmes. » La jeune femme doit également vérifier que tous les individus s’entendent et que la hiérarchie est stable dans les groupes déjà installés. « Si un individu est rejeté, il faut le repérer et lui trouver un autre groupe où s’intégrer. »
« Faire attention à la réaction des petits »
Un travail réalisé en étroite collaboration avec les animaliers du site. « Les observations ont toujours lieu lorsqu’ils sont présents. Les singes restent des animaux sauvages, certains gros mâles pèsent 15 kg. Il faut surtout faire attention à la réaction des petits, un geste brusque peut les faire crier, et alerter les parents qui risquent de charger », raconte Helen Beyer qui souligne qu’il faut éviter d’interagir avec les primates quand il s’agit d’analyser les comportements sociaux afin de les observer dans un contexte neutre.
« En revanche, on distribue souvent des friandises à la main pour améliorer la relation homme-animal et pouvoir vérifier leur état corporel de près. » Comme avec Kojack, la chouchoute, doyenne macaque rhésus de 29 ans en retraite. « Elle n’a plus de poils à cause d’une maladie naturelle. On voit très bien ses expressions faciales d’autant plus qu’elle a un caractère bien dominant. »
Helen Beyer participe également à la conception des études sur le site, à la mise en place des points limites mais aussi au suivi des animaux durant les protocoles. « Je suis amenée à conseiller le personnel sur les questions relatives au bien-être, réviser les processus internes, auditer les procédures… Il arrive également de devoir garder des animaux blessés en infirmerie le temps des traitements mis en place par les vétérinaires, une de mes missions étant de faire en sorte que l’animal soit occupé pendant cette période pour éviter l’ennui et que cela dure le moins longtemps possible. »
Diffuser les bonnes pratiques
Autre casquette : la communication scientifique. « Lors de la mise en place de nouveautés pour les animaux, nous réalisons de petites études que nous publions pour diffuser nos bonnes pratiques. » Comme sur les croquettes à volonté qui faisaient grossir les primates et ont été ajustées. « Pour déterminer la bonne quantité, une étudiante des Pays-Bas est venue nous apprendre les techniques de mesure de l’IMC sur les animaux. » Une nouvelle litière a également été testée chez les ouistitis, plus ludique pour les animaux qui peuvent y chercher des friandises cachées mais également plus facile à nettoyer.
Actuellement, Helen Beyer travaille au développement d’un outil caméra qui permet d’observer les primates sans les perturber au moment des naissances. Et ce toujours dans une réflexion et une démarche d’amélioration continue. « Avec les animaux, on se rend compte qu’il y a toujours un petit plus à apporter. J’aime voir l’impact de notre travail, me dire qu’ils ont de bonnes conditions de vie. »
Marion Riegert