Le Rhodotron prend ses quartiers chez Aerial

Il est arrivé par le toit, le 28 novembre 2018 pour prendre place dans une salle rectangulaire aux murs pouvant atteindre les 3 mètres d’épaisseur. Petit nouveau du centre de ressources technologiques Aerial, le Rhodotron, une plateforme expérimentale d’irradiation unique au monde, devrait être opérationnel à la fin du premier trimestre 2019.

Pour étendre leurs moyens dans le domaine de l’irradiation et s’inscrire dans une dynamique plus large de développement dans les technologies médicales et les matériaux, le centre de ressources technologiques (CRT) Aerial a fait l’acquisition d’un Rhodotron1. Développé par la société belge IBA dans le cadre du projet feerix, le mastodonte de 11 tonnes a pris ses aises sur le site du parc d’innovation de Strasbourg Illkirch. Le tout, dans un bâtiment construit pour l’occasion ayant nécessité près de 3 000 m3 de béton pour un investissement de 10 millions d’euros financé dans le cadre de contrats triennaux « Strasbourg Capitale européenne » 2015-2017 et 2018-2020.

Restauration d’objets d’art et stérilisation de dispositifs médicaux

Cela faisait 8 ans, que l’idée d’installer une plateforme d’irradiation trottait dans la tête du directeur d’Aerial, Alain Strasser. Issu du centre de recherche nucléaire de l’Université de Strasbourg, ce CRT de 25 personnes, dont une moitié de docteurs en sciences, est spécialisé dans les techniques d’irradiation depuis plus de 30 ans. Et ce à travers trois pieds d’activité : l’agro-alimentaire, l’ionisation et la lyophilisation. « Nous travaillons à 70% avec les industriels dont plus de la moitié à l’international », explique Alain Strasser qui répond également à des appels à projet dans le cadre de programmes de recherche. Sans oublier des partenariats avec des laboratoires de l’Université de Strasbourg.

Le Rhodotron n’est pas le premier appareil du genre qu’Aerial acquiert. « Nous en avons déjà un à moyenne énergie mais feerix est notre projet emblématique. Stérilisation des dispositifs médicaux, ionisation des aliments, amélioration des propriétés des polymères, restauration d’objets d’art et coloration de pierres semi-précieuses… le Rhodotron va renforcer nos moyens dans le domaine de l’ionisation et permettre de mieux pénétrer dans la matière. L’irradiation peut être une alternative aux traitements phytosanitaires dans certains pays », note Alain Strasser.

Un appareil unique au monde dans sa vocation et sa configuration

L’originalité de ce Rhodotron nouvelle génération est qu’il dispose de deux lignes de faisceaux reliant l’appareil à deux salles de traitement : une aux électrons, l’autre aux rayons X. Les produits seront acheminés vers ces salles via un labyrinthe destiné à protéger le personnel du rayonnement lors du fonctionnement de l’appareil. Dans l’idéal, le Rhodotron devrait être opérationnel pour la venue du congrès IMRP (International meeting on radiation processing) organisé par l’association d’irradiation industrielle qui tourne dans le monde entier et a lieu cette année à Strasbourg.

Destinée à la recherche et au développement, la machine pourra également servir dans le cadre de la formation initiale ou continue. « C’est déjà le cas de certains appareils dont nous disposons qui sont utilisés pour des travaux pratiques dans le cadre d’une collaboration avec l’Université de Strasbourg. »

Marion Riegert

1 Rhodotron du grec « Rhodos » qui signifie la rose en raison de la forme en pétales de l’accélérateur.

Une collaboration avec l’IPHC

Good to know

Chercheur au sein de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien, Abdel-Mjid Nourreddine travaille sur la métrologie des rayonnements ionisants et l’instrumentation nucléaire. Collaborant avec Aerial depuis les années 90, il s’est lancé à ses côtés dans un programme international de l’Agence de l’énergie atomique portant sur les applications des faisceaux d’électrons pour la conservation des aliments. « L’intérêt de ce processus est notamment de pouvoir décontaminer, voire stériliser les aliments dans leur emballage », glisse le chercheur. S’étendant de 2015 à 2020, le projet Dexafi (Development of Electron Beam and X Ray Applications for Food Irradiation) a pour objectif de montrer l’intérêt de l’utilisation des électrons par rapport aux irradiateurs gamma. En France, la réglementation a fixé le seuil énergétique à 10 MeV pour les électrons et à 5 MeV pour les photons X afin que les aliments ne puissent pas devenir radioactifs. « Les Américains commencent à aller au-delà de 5 MeV.  La partie du projet coordonné par l’IPHC consiste à étudier la potentielle production de radioactivité qui pourrait être induite par l’utilisation des rayons X à haute énergie dans les processus de stérilisation », souligne Abdel-Mjid Nourreddine qui s’est déjà rendu en Suisse en mai dernier pour effectuer des tests sur un accélérateur atteignant les 7 MeV. Avec le Rhodotron, il va pouvoir expérimenter des faisceaux pouvant aller jusqu’à 10 MeV. « Pour nous, c’est un équipement unique. Il va nous permettre d’aller plus loin dans les analyses et de valider les calculs de simulations numériques par l’expérience en utilisant en particulier la spectrométrie gamma à bas bruit de fond.»

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